The flowers are falling... for you? [Noriyuki Yume]

C’était une des rares journées de ce mois où il pouvait faire chaud. Enfin, par chaud j’entends une température agréable d’automne, comme au début du mois d’octobre. Cette journée-là, je me suis levé avec une légère douleur aux poumons, mais c’est quelque chose de relativement normal et de pas trop inquiétant pour mon cas. Ça m’arrive tout le temps depuis ma naissance. Avant le diagnostic des docteurs, je ne savais pas trop pourquoi et ça m’inquiétait, mais maintenant que je sais que c’est à cause de ma maladie… je n’ai pas peur. Je dois seulement apprendre à vivre avec cette mince douleur du réveil. Au moins ça me prouve que je suis toujours bien en vie.

Dans la chambre, il y avait 4 lits en comptant le mien. Deux vides depuis toujours, le mien ainsi que celui de mon colocataire, lui aussi thaïlandais. Ça me fait plaisir en quelque sorte de voir que je ne suis pas le seul thaï de Yonsei parmi une multitude de coréens et quelques japonais et chinois. Je me sens ainsi, un peu moins rejeté. Finalement, je me redressais sur mon lit, observant mon coloc qui dormait toujours. Puis je me levai, prenant une paire de jeans, un t-shirt à imprimés, ma veste et des sous-vêtements propres ainsi que mes trucs pour me laver avant de me diriger vers la douche.

À cette heure-ci, il n’y avait presque personne de réveillés dans la partie Est de Yonsei. Ainsi, je pouvais me laver sans qu’il y aie trop de gens dans les douches. J’allais dans la douche la plus éloignée de la salle pour ensuite allumer l’eau à une température juste assez chaude et passer sous l’eau. Même si ça fait 2 mois depuis l’incident « suicide », mes plaies me faisaient toujours mal, surtout sous l’eau. Mais bon, vivre ou mourir, il faut choisir. Malgré avoir tenté de mourir, j’ai choisi de vivre, alors j’allais vivre en conséquence. Endurer la douleur. J’ai passé environ 15 minutes sur la douche qui ont passé surtout en me savonnant les cheveux et en restant immobile dans l’eau et en me regardant dans les reflets des murs en céramique. Ce laps de temps passé, j’ai éteins l’eau pour empoigner ma serviette et me sécher le mieux possible.

- Aish…

La texture un peu rugueuse de la serviette irritait mes plaies et parfois j’oubliais que j’en avais. Alors je séchais mon abdomen et mon avant-bras gauche comme si je n’avais aucune coupures ni contusions avant de me rappeler malgré moi qu’un couteau y avait fait des dégâts. Après quelques grimaces de douleur, je séchais avec attention ces parties de mon corps puis me vêtis des vêtements que j’avais ramené. Quelques secondes plus tard, je fus de retour dans ma chambre… il dort encore lui?! Ouah o.o

Bref, cette fois-ci j’enfilais des chaussettes ainsi que mes souliers, puis brossai et séchai mes cheveux convenablement pour ne pas qu’ils soit trop ébouriffés, pour finir avec un peu de gel. Je regardai dans le miroir le reflet de la fenêtre et de l’extérieur. Le temps était vraiment radieux, j’avais envie d’en profiter. Alors, je sortis à l’extérieur. Direction : le parc.

La température était toute aussi agréable que le soleil, aujourd’hui. Je fis un mince sourire avant de m’engager dans un sentier du parc, regardant les détails de la nature autour de moi. Soudainement, je vis un arbre qui possédait toujours quelques fleurs, persévérantes. À ce temps-ci de l’année, elles devraient techniquement être déjà fanées et tombées de cet arbre, mais non. À croire qu’elle s’agrippaient assez solidement à la vie pour vivre plus longtemps que la norme. Qui sait, peut-être que si je faisais de même, j’allais vivre bien plus que 7 ans…

Je m’approchai de cet arbre en le regardant d’un air émerveillé. La nature était mal faite parfois, mais souvent bien faite, et cet arbre, il était bien fait. J’effleurais une des branches fleuries du bout des doigts avec un petit sourire, pour ensuite lever les yeux vers la cime de l’arbre pour voir s’il y avait des fleurs, là aussi. Il semblait que ce n’était que les branches du bas qui fleurissaient…

Je me réveillais en sursaut juste après avoir rêvé que je tombais du haut d’une falaise, et, quand j’ouvris les yeux, je vis que mes camarades de chambre dormaient à point fermé. Je me levais sans bruit et allais chercher mes vêtements. Je jetais un œil derrière l’épais rideau et vis à travers la fenêtre, qu’un soleil radieux était présent, c'était assez rare cette saison, il fallait en profiter. Ne crainiant pas le froid, je prit une robe de soie bleue et quelques accessoires blancs pour aller avec. Regardant autour de moi, je remarquais que la chambre ressemblait plus à une armoire de vêtements mal rangés. Je pris alors soin de plier les miens et de mettre de côté ceux qui étaient sales. Je pris une serviette et allais dans la salle de bain pour me coiffer et me maquiller par la même occasion.

N’ayant rien de spécial à faire aujourd’hui, je décidais d’aller me balader un peu. J’optais pour une balade au parc car je n’y étais pas souvent allé. J’enfilais une paire de bottes à talons blanche, prenais un gilet qui m'eviterait de mourrir de froid et sortais doucement pour ne pas réveiller mes camarades de chambre. Je descendais les escaliers en vitesse et me dirigeai vers le parc.

Après mon arrivée, je ne pus m’empêcher de m’asseoir sur le premier banc que je vis, car j’avais les jambes en compote. Je n’avais pas beaucoup marché, mais apparemment elles ne voulaient pas aller plus loin sans une pose. C’était vraiment un de mes problèmes, d’être toujours fatiguée quand je marchais. Je contemplais le paysage qui s’offrait à moi, les fleurs étaient belles, très belles, et il y avait aussi pas mal d’arbres. Mes yeux furent attirés par quelque chose, c’était un homme, je ne l’avais jamais vu auparavant, mais c’était peut-être logique car je restais beaucoup dans ma chambre. Il semblait vraiment absorbé dans son étude de l’arbre…

[Désolée pour le temps de réponse~]

J'étais bien trop absorbé par l'étude de cet arbre miraculé auquel quelques fleurs s'accrochaient à la vie pour remarquer s'il y avait quelqu'un derrière moi, à peut-être cinq centimètres, qui m'observait. Ou encore, quelqu'un assis sur le banc à quelques mètres derrière moi, ou n'importe quoi en fait. J'étais captivé par tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un truc artistique. Une fleur, aussi débile que je pourrais vous paraître en disant cela, c'est de l'art dans un certain sens. La forme des pétales et l'agencement des couleurs et des fragrances, c'est artistique. Un peintre qui reproduit de magnifiques fleurs est pour moi, un grand peintre. Les fleurs sont de grands éléments de la scène artistique. Prenons par exemple un photographe ou encore un caméraman. Des plans rapprochés ou éloignés d'une ou plusieurs fleurs, si c'est fait avec talent artistique, peuvent être magnifique. Mais ces fleurs avaient un petit quelque chose de plus que je n'arrivai pas à identifier.

Lorsque je contemplais l'art, j'entrais dans une sorte de "transe". J'ai levé un bras pour atteindre l'une des fleurs plus hautes qui me semblaient différentes, tentant de baisser un peu la branche juste pour pouvoir la voir un peu mieux, mais accidentellement je l'arrachai. Le bruit de la branche qui se cassa me fit sursauter, et je lâchai un cri.

- OH Omona!

La fleur, les quelques feuilles ainsi que le décimètre de branche fragile qui avait suivit tomba au sol lorsque je la lâchai, surpris. Mes bras étaient restés dans les airs, les manches de ma veste sont retombée, laissant ainsi les plaies à mon bras gauche à l’air libre. Certaines d’entre elles étaient horriblement sensibles, d’autre recouvertes d’un bandage, et d’autres encore simplement trop visibles. Je fis une grimace lorsque le vent froid effleura les blessures sensibles, puis tournait ma tête vers mon bras pour comprendre ce qui se passait. Je regardai un instant par-dessus mon épaule, ayant vu une ombre assise sur un banc non loin. Une jeune fille que je n’avais jamais croisé avant me regardait. Je me mordillai la lèvre inférieure de honte.

- Haaa babo babo babo…, dis-je à voix basse.

Je cassais une branche d’arbre et je montrais des marques de tentative de suicide à une inconnue. Babo Pikachu! Avec un soupir, je me penchai pour ramasser la fleur, la fit tournoyer à l’aide de mon pouce et mon majeur, avant de me retourner vers l’inconnue et lui faire un sourire gêné. Puis je m’avançai vers elle, toujours aussi gêné (et honteux, ne l’oublions pas), puis lui tendit la fleur en me cachant le visage.

- Tu la veux……? Je n’en ai pas besoin, et je ne veux pas la laisser au sol…